samedi 19 octobre 2024

Conférence Vendredi 25 octobre 2024

Amphi 3, Inalco, 65 rue des Grands Moulins Paris 13e

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr

15h30 – 17h30 (l’heure au Japon 22h30-0h30) Communication suivie de discussion d’une demie heure


M. Kôichirô KOKUBUN (Graduate School of Arts and Scienes, The University of Tokyo) 

« La voix moyenne et la question de la responsabilité »

Résumé

L’« actif » et le « passif » sont les principales catégories que nous utilisons pour décrire nos actes. Lorsque nous effectuons quelque chose, nous sommes considérés comme actif. Lorsque nous subissons quelque chose, ou que l'on nous fait quelque chose, nous sommes considérés comme passif. Or, une simple réflexion suffirait pour remettre en question ces visions ordinaires. Lorsque nous pensons, par exemple, est-ce vraiment nous qui pensons ? N'est-il pas plus juste de dire que, heureusement ou malheureusement, le processus de pensée est déclenché par quelque chose dans notre esprit ? Si c’est le cas, il vaudrait mieux dire : « Le fait de penser est en train de se dérouler en moi » au lieu de « Je pense ». Ce type de reformulation peut s'appliquer non seulement au mouvement de l'esprit, mais aussi au mouvement physique. Lorsque nous marchons, notre acte est déterminé par de nombreux éléments. Dans ce cas, « l'acte de marcher est en train d’être effectué en moi » serait la formulation appropriée qui devrait remplacer « je marche ». En fait, des réflexions similaires ont été menées par de nombreux philosophes. Au XVIIème siècle, Spinoza a nié l'idée que la volonté soit le moteur de l'action humaine. On peut bien sûr citer le nom de Sigmund Freud qui a proposé l'idée de l'inconscient. Parmi les philosophes du XXème siècle, Martin Heidegger et Gilles Deleuze ont souligné le caractère passif de la pensée. Les chercheurs en neurosciences découvrent aujourd'hui ce qui se passe réellement lorsque nous faisons une action. Il est évident que les catégories « actif » et « passif » ne suffisent pas à décrire nos actes. Malgré cela, nous continuons à utiliser ces catégories. Pourquoi en est-il ainsi ? Il convient de noter que ces catégories sont grammaticales. La dichotomie entre « actif » et « passif » correspond à celle entre la voix active et la voix passive. De plus, comme le dit clairement le linguiste français Émile Benveniste, ces catégories linguistiques dichotomisées ne sont pas universelles, même si elles semblent l'être. En effet, de nombreuses langues ne connaissent pas cette opposition et l'opposition que la langue indo-européenne avait à l'origine dans sa forme verbale n'était pas celle entre la voix active et la voix passive, mais entre la voix active et la voix moyenne. Ainsi apparaît la possibilité d’examiner une autre catégorie pour décrire nos actes : celle qui a disparu du premier plan de notre langue. Mais ce qui est difficile ici, c'est que, comme le souligne Benveniste, toute tentative de définition de la voix moyenne a échoué. Il faut en étudier minutieusement la raison. C'est pourquoi nous nous concentrons sur la définition qu'en donne Benveniste, qui consiste à dire que dans l'opposition entre la voix active et la voix moyenne, ce qui compte, c'est de savoir si le sujet est à l'extérieur ou à l'intérieur du processus de l'action indiquée par le verbe. Guidé par cette définition, cette intervention tentera de voir pourquoi la voix moyenne a perdu son rôle prépondérant et comment le sujet et l'action étaient conçus dans le monde de la voix moyenne.

Colloque 21-22 juin 2024

 Colloque :

Termes et notions de l’esthétique japonaise : une approche critique et philologique 

歴史学的かつ文献学的視点から見た日本の「美学」と「美的」な体験を表す言葉

Financé par l’IrAsia (UMR7306, Aix - Marseille) dans le cadre des axes « Processus et enjeux de la patrimonialisaDon en Asie » et « LiGératures d’Asie et traducDon », par l’IFRAE (UMR 8043, Paris) en prolongement des acDvités du Groupe d’étude de philosophie japonaise (IFRAE) et par le GIS-Asie (UAR2999). Organisateurs : Arthur MiGeau (IrAsia, associé IFRAE), Saitô Takako (IFRAE),

Vendredi 21 juin et samedi 22 juin 2024.
INALCO - Pôle des Langues et Civilisations, 65 rue des Grands Moulins 75013

Paris, amphi 5.
Retransmission en ligne sur inscription (arthur.mitteau@gmail.com)

Présentation

L’existence d’une « esthétique japonaise » projetée et plaquée sur la culture artistique et littéraire de ce pays, fait beaucoup rêver, écrire et publier. Plus rares sont les tentatives de rapporter de telles constructions à leur origine réelle dans l’histoire culturelle et linguistique du pays, y compris au risque de déconstruire certaines légendes bien installées. Le colloque partira d’un examen des conditions historiques et idéologiques dans lesquelles s’est constitué le discours esthétique dans le Japon du vingtième siècle, et évoquera les contraintes logiques pesant sur ce sujet, pour examiner ensuite, l’un après l’autre, certains des termes et notions qui sont devenus, au XXsiècle, les loci de cette supposée esthétique, panels où s’exprimeront des spécialistes d’histoire littéraire, culturelle, intellectuelle et religieuse. On pourra alors mesurer pleinement le processus de construction et de réinventions des traditions cachant la diversité réelle des manières d’aborder les créations culturelles dans le Japon ancien et moderne.

Programme

Vendredi 21 juin 2024
Vendredi matin: « Un "beau" japonais ? Problématiser et historiciser la question de l’esthétique au 
Japon »

-9h30 Arthur Mitteau (AMU) : « Contraintes pour parler d’une "esthétique japonaise" et repères historiques d’un tel projet »

-10h15 Michael Lucken (INALCO) : « Le grand Bi et les petits bi : entre théories et praxis du beau au 20siècle ».

-11h-11h20 Pause café

-11h20 Iwai Shigeki (Université d’Ôsaka, Japon) : « 「日本的」美的概念の総合的考察 ‒ 和歌を用いた分析- »(«Investigations préalables à l’hypothèse d’éventuels concepts esthétiques "japonais"», à partir d’une analyse des recueils de waka »), en japonais avec diapositives et résumé traduits.

-12h10-12h40 discussion générale 

-12h40-14h30 (pause repas)

Vendredi après-midi : « Termes esthé1ques en vogue dans le Japon de Muromachi et leur héritage : le yûgen et le wabi, essences du nô et du cha no yu ? »

- 14h30 Hanna Mc Gaughey (Bates College, États-Unis) : « YûgenBasara, and Hana : Zeami and the Social Dynamics of Aesthetics in the Muromachi Period », en anglais avec résumé traduit.

-15h30- 15h50 Pause café

-16h Arthur MiGeau (AMU) : « Le wabi dans l’histoire littéraire du Japon et dans le monde du cha no yu : histoire d’une construction rétrospective. »

-17h-17h45 table ronde : « les rencontres de thé codifiées (cha no yu) : notions esthétiques contre pratique réelle aujourd’hui ». Participants côté table: Sylvie Guichard-Anguis (CNRS), Iwai Shigeki (Université d’Osaka), Takagi Yumiko (CRCAO), Arthur MiGeau (AMU).


Samedi 22 juin 2024
Samedi matin : « 
Aware et mono no aware, une sensibilité transhistorique exprimée au travers des

choses ? »

-10h Daniel Struve (UPC) : « Le mono no aware dans la liGérature de Heian »

-10h45 François Macé (IFRAE) : « D’aware à mono no aware, du Kojiki à Motoori Norinaga, ou comment faire d’une exclamation un concept esthétique tout en récusant l’idée même de conceptualisation »

-11H30-11h50 Pause café

-11h50-12h40 Evelyne Lesigne-Audoly (Université de Strasbourg) : « Un usage contemporain du

mono no aware : la poétique/politique chez Shimauchi Keiji » 

-12h40-13h discussion générale

Pause déjeuner 13h-14h30

Samedi après-midi 

14h30-15h45 : conférence de Frédéric Girard (EFEO), à l’occasion de la sortie du livre Ikebana, l’art floral au Japon (Citadelles & Mazenod) : « Une approche du beau dans l’ikebana de style Rikka de Ikenobô ? »

15h45 – 16h mot de clôture

Conférences 25 mai 2024

 Amphi 5, 65 rue des Grands Moulins Paris 13e

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr à partir du 22 mai 2024


10h00 – 10h45 (l’heure au Japon 17h-17h45) Communication suivie de discussion d’une demie heure

Ameline GARNIER (M2 Inalco)
« 
Questionner le langage philosophique : réflexions autour de Mori Arimasa (1911-1976) »

11h20-12h05 (l’heure au Japon 18h20-19h05) suivie de discussion d’une demie heure

IKEGAMI Kôsuke (Doctorant, université de Tôkyô)
« Une réflexion sur la pensée politique de Nakae Chômin (1847-1901) : la fondation des Dialogues

politiques entre trois ivrognes »


Résumés


Ameline Garnier, « Questionner le langage philosophique : réflexions autour de Mori Arimasa »
Que peut le langage philosophique ? La question du langage est fondamentalement liée au geste philosophique. Plus que tout philosophe élaborant nécessairement à l’occasion de la formation de son propre système de pensée, un style et un langage qui lui soient propres, Mori Arimasa (1911-1976) aura proposer une prose philosophique unique dans le paysage de la philosophie japonaise de son époque. Délaissant l’écriture académique, il choisit le modèle de l’essai montaignien pour rendre compte de sa quête de l’expérience véritable. Ayant expérimenté avec douleur la difficulté à s’exprimer dans une langue étrangère et ainsi l’écart présent entre les mots et la réalité, Mori thématise l’angoisse qui nait de cette épreuve et lui attribue une fonction existentielle, faisant d’elle la condition de l’avènement de l’individualité. De ce fait, c’est par la crise du langage qu’il nous est permis de penser pour la première fois notre individualité au monde. A cette angoisse, succède alors la révélation dans la possibilité d’un retour à la véritable expérience de la réalité. Une fois cette expérience advenue, toute la difficulté est de proposer un langage adéquat qui parviendrait à restituer cette aventure spirituelle, sans tomber dans le piège de ce que Mori présente comme un langage superficiel fondé sur un vécu faussement collective, partagé par tous mais expérimenté par personne. L’écriture de Mori constitue de ce fait une proposition dans la recherche de ce langage idéal et se distingue par son caractère performatif. Dans la mise en scène de son intimité, Mori réalise et présente le cheminement vers cette expérience qui, sous la forme d’un pathos, constitue une connaissance de l’état des choses et se saisit par la sensation dans son aspect le plus pur. Se présente dès lors une tension fondamentale dans ce lien entre expérience et langage : si l’expérience véritable transcende le langage institutionnalisé et la logique, comment la saisir autrement que dans l’immédiatement de la perception sensible et peut-on seulement la restituer postérieurement à l’instant de la révélation ? N’est ce pas là annoncer l’échec ou du moins la limitation des prétentions du langage ?
A la lecture des considérations de Mori Arimasa sur un langage qui semble toujours osciller
entre le risque de la superficialité et l’impasse du silence, nous proposons de réfléchir sur la forme et les ambitions du langage philosophique.


IKEGAMI Kôsuke

« Une réflexion sur la pensée politique de Nakae Chômin: La fondation des Dialogues politiques entre trois ivrognes »

Nakae Chômin (1847-1901) est un penseur de l’époque Meiji et est connu comme le « Rousseau de l’Orient ». Ce surnom provient du fait qu’il a en réalité traduit Du contrat social de Jean-Jacques Rousseau en japonais et puis en chinois classique. Il était le personnage de son époque qui comprenait le plus profondément la pensée de Rousseau. Néanmoins on ne peut résumer la philosophie de Chômin simplement comme Rousseauiste car son appréciation de Mencius, son approche du Taoïsme ou encore sa manière de penser néo-confucéenne illustrent bien le rôle majeur qu'ont eu les classiques chinois dans sa formation intellectuelle. Si au Japon, il y a déjà de nombreuses recherches à son sujet, telles que les ouvrages de Ida Shinya 井田進也, Matsunaga Shôzô 松永昌三 et Miyamura Haruo 宮村治雄, il y a toutefois peu de recherches le concernant en langue française, hormis les travaux d'Eddy Dufourmont. De même, l’ouvrage principal de Chômin, les Dialogues politiques entre trois ivrognesSansuijin keirin mondô 三酔人経綸問 答, n’a pas encore été suffisamment analysé, bien qu’il ait été récemment traduit en français.

En tenant en compte ce statu quo, nous aurons pour but, dans cette présentation, de discuter de sa pensée en soulignant la relation entre ses Dialogues et la pensée française. Puis, nous mettrons cet ouvrage en relation avec d'autres écrits de l'auteur, notamment le Du contrat social, en japonais Minyaku yakkai 民約訳解, dont il a fait la traduction, le Kakumeimae furansu niseikiji 革命前法朗西二世紀事, livre sur l’histoire française avant la révolution qu'il a édité en 1886, ou encore le Rigaku kôgen 理学鉤玄, un traité de philosophie qu'il a publié la même année. En prêtant attention à cette pensée si fertile, nous analyserons ensuite le rapport entre les Dialogues et ces ouvrages. Puis, pour finir, nous clarifierons dans quelle mesure les Dialogues reflètent ses connaissances et sa compréhension de la pensée occidentale et chinoise.

Conférences Samedi 28 octobre 2023

Amphi 5, Inalco 65 rue des Grands Moulins 75214 Paris

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr à partir du 25 octobre 2023 contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.com, arthur.mitteau@univ-amu.fr, simon.ebersolt@gmail.com, yukiko.kuwayama@inalco.fr

10h00 – 10h45 (heure au Japon 17h-17h45) suivi d’une demie heure de discussion

Grégoire JOUCLAS (Inalco)
« 
Sur le fond romantique dans l’œuvre de Watsuji Tetsurô »

11h15-11h25 pause

11h25 – 12h10 suivi d’une demie heure de discussion
Arthur MITTEAU (Aix Marseille université, Institut de recherches asiatiques, Ifrae )

« Les philosophes japonais de l’ère Meiji et Hegel : Fenollosa et Okakura ont-ils lu (et compris) Hegel ? »

12h40 : fin de séance

Résumés

1. Watsuji Tetsurô 和辻哲郎 (1889-1960), célèbre philosophe japonais du XXe siècle, est connu pour avoir théorisé l’idée d’interrelation (aidagara 間柄), selon laquelle l’essence de l’humain serait à chercher non

pas dans les idées d’individu ou de société, mais plutôt dans les relations dynamiques qui unissent ces deux concepts.
En France et en Europe, l’essentiel de la recherche s’est concentrée sur l’interprétation de ses deux principales œuvres philosophiques : 
Le milieu humain (Fûdo 風土) et Éthique (Rinrigaku 倫理学). Bien que ce travail nous ait permis de découvrir avec intérêt la pensée de Watsuji, nous avons remarqué que plusieurs aspects restent encore mal compris ou peu traités, en partie parce que la méthode d’analyse gagnerait, selon nous, à employer les outils de l’histoire intellectuelle. En appréhendant sa pensée à différentes époques à l’aide d’une analyse comparée de ses manuscrits, nous avions pu souligner, par exemple, comment le matérialisme historique et la dialectique hégélienne, au-delà du Dasein de Heidegger, ont été au cœur de la construction de son système éthique.

Dans cet exposé, nous souhaitons adopter un point de vue plus large et remettre en valeur l’idée d’un « fond romantique » dans la pensée de Watsuji, qui prend sa source à la fois dans la littérature anglaise (Byron, Blake...) et l’idéalisme allemand (Schelling, Hegel...). La Naturphilosophie en particulier, avec son ambition de retrouver « l’être total de la nature », put participer à définir les lignes directrices de son éthique. Ce fond romantique se dévoile, pensons-nous, à travers un idéal esthétique irriguant toute son œuvre, des premières années nietzschéennes jusqu’à son dernier ouvrage sur l’architecture du palais de Katsura.

Notre exposé consistera non pas à « prouver » le rattachement de Watsuji au romantisme, mais à dégager un premier axe de réflexion à ce sujet, pour mieux comprendre les enjeux d’une pensée éthique qui, comme nous le savons, tend à essentialiser les communautés nationales. Nous commencerons par définir le romantisme dans un cadre général, puis japonais. Nous retracerons ensuite le parcours intellectuel de Watsuji à travers le prisme des mouvements intellectuels et artistiques rattachés à une forme de romantisme japonisé, dont la revue Shirakaba 白樺 (« le bouleau blanc ») fournira un bel exemple.

2. Le courant de pensée constitué par Okakura Tenshin et son ancien professeur Ernest Fenollosa est souvent présenté comme inspiré par la philosophie hégélienne, notamment à cause de leur usage du vocabulaire de l’idée et de l’idéal (myôsô et risô en japonais ; « Idea » ou « Ideal » en anglais), ou encore de leur convocation du modèle des formes de l’art. Pourtant, il apparaît à la lecture de leurs textes, et leur comparaison avec ceux du philosophe allemand, une certaine distance qui peut conduire à remettre en question, au moins partiellement, cette filiation, tant les références à la philosophie hégélienne semblent limitées et superficielles.

Ceci pose une question de méthode quand on étudie l’histoire des idées en particulier trans- culturelle : comment procéder pour établir un réel rapport intellectuel entre deux penseurs ? A quels indices s’attacher pour confirmer ou au contraire remettre en cause les effets déclaratoires ou réputations toutes faites ? L’étude du cadre matériels supports de la filiation (traductions, manuels, enseignements suivis), ne donnant que des indices extérieurs, ne saurait suffire : il faut aussi parfois risquer la lecture interne, quitte à proposer une interprétation.

Conférence Samedi 23 septembre 2023

salle 5.01, Inalco, 65 rue des Grands Moulins Paris 13e

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr à partir du 20 septembre 2023

10h00 – 11h 00 Conférence suivie de discussion d’une heure

John MARALDO (professeur émérite de l’université de North Florida)
« 
The “Anthropocene” through the Lens of Nishida Kitarō’s Philosophy »

12h : fin de séance

Résumé

Could it be that the ecological crisis named by the “Anthropocene” is only inflamed by our tendency to divide a human world from the world of nature? “Anthropocene” refers (unofficially) to the current geological era in which human activity has been the dominant influence on climate and the environment. The endangerment of earthly life it portends also points to an entanglement of ideas and actions with what we often refer to as “nature.” The philosophy of Nishida Kitarō, the most significant Japanese philosopher of the 20th-century, helps us both to unravel and to re-conjoin the implicated entanglements: to untangle the puzzling implications of a human-caused geological epoch, and to reconnect humans conceptually with the world. Nishida’s alternative conception of a world awakening through humans (and other sentient beings) offers a novel way to connect metaphysics to “real-world” problems. Nishida helps us understand the era we are co-creating, and the “Anthropocene” shows us the relevance of his philosophy

Conférence Samedi 24 juin 2023

14h30 - 15h30 suivi de discussion

Amphi 2, Inalco, 65 rue des Grands Moulins Paris 13e

Si vous n’y assistez pas en présence au site PLC Inalco, demandez le lien zoom à takako.saito@inalco.fr à partir du 21 juin 2023
Contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.com, arthur.mitteau@univ-amu.fr, simon.ebersolt@gmail.com, yukiko.kuwayama@inalco.fr

Akinobu KURODA (Université de Strasbourg/GEO UR1340, IFRAE )

« Correspondance et résonance : le premier moment de la rencontre entre NISHIDA Kitarô (1870-1945) et TAKIZAWA Katsumi (1909-1984) »

16h 30 : la fin de séance

Résumé

Takizawa Katsumi, âgé de 24 ans et assistant non rémunéré à l’Université de Kyûshû, a publié un article intitulé « Concepts généraux et individuels » dans la revue mensuelle Shisô (La pensée, la maison d’éditions Iwanami) au mois d’août 1933. Cet article traitait des questions relatives à la genèse et aux limites de toute connaissance fondée sur le jugement dans la philosophie de Nishida. Après avoir lu cet article sous peu après sa publication, Nishida a aussitôt envoyé une lettre à ce jeune philosophe inconnu, dans laquelle Nishida écrit : « J’ai ressenti une grande joie parce que personne n’avait jamais aussi bien saisi mes idées ». Cette lettre marque le début de leur échange intellectuel qui se sera poursuivi pendant plus de 11 ans, jusqu’aux dernières années de Nishida. Dans cette communication, à travers une lecture attentive dudit article de Takizawa, je me propose de montrer sur quels points Takizawa a saisi avec justesse les questions fondamentales de la philosophie de Nishida et de mettre en lumière un moment du développement de la philosophie de Nishida dans les années 1930.

Vidéoconférence Samedi 6 mai 2023

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr à partir du 2 mai 2023

contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.com, arthur.mitteau@univ-amu.fr,simon.ebersolt@gmail.com, yukiko.kuwayama@inalco.fr


9h30 – 10h15 suivi de discussion

Ameline GARNIER (Inalco, Université de Kyôto)
« De 
keiken 経験 à taiken 体験 : le rôle de l’expérience corporelle dans la philosophie de Nishida »


10h45 – 11h 30 suivi de discussion

Frédéric LESIGNE (université de Strasbourg, chercheur rattaché GEO-URI 1340)

« Sujet et objet dans la pensée de Yanagita Kunio » 12h : la fin de séance


Résumés

1. A. Garnier, «De keiken à taiken : le rôle de l’expérience corporelle dans la philosophie de Nishida »
Revenir à l’expérience quotidienne, voici comment Nishida présente en 1937, dans son article « Rekishiteki

shintai », la quête qui l’aurait conduit à la rédaction de Zen no kenkyu (1911). Rattaché originellement à l’expérience pure de James, traduite en japonais par junsui keiken, 純粋経験, le concept dexpérience conserve, au fil de la recherche nishidienne, la primauté de son lien avec le monde de la réalité, défini dans les années 1930 comme le monde historique. Le monde de la réalité est celui que nous expérimentons ; comprendre la réalité du monde, c’est expérimenter le monde. Dès lors, partant de cette équivalence conceptuelle entre réalité et expérience, la question de la nature de cette expérience en vient à être posée. Qu’est ce que l’expérience du monde ?

Quand bien même ce concept est central dans la philosophie de Nishida, il nous faut pour autant constater que le philosophe n’opère aucune distinction conceptuelle entre taiken 体験 et keiken 経験, deux termes possiblement traduisibles par « expérience ». Cette homonymie trompeuse de la traduction française est pourtant étrangère pour le locuteur japonais qui ne peut, dans le langage courant, les employer comme de parfaits synonymes. Comment comprendre alors l’imprécision de Nishida qui semble substituer l’un à l’autre sans aucune raison immédiatement apparente ?

Le travail de ma recherche cette année, dont je présenterai les premiers aboutissements, est de vérifier l’hypothèse suivante : cette superposition des termes taiken et keiken pourrait révéler que l’éveil à soi nishidien, lequel tente de saisir l’expérience quotidienne, accorde une place fondamentale au corps, non pas simplement comme objet ou
outil de la quête philosophique mais également comme sujet. Comprendre les enjeux de la détermination de taiken par Nishida implique donc d’abord de comprendre la conceptualisation qui est faite du corps. Nous essaierons donc d’explorer ses différentes acceptions et de saisir la place et le rôle que Nishida lui confère au sein de son système philosophique.

2. F. Lesigne , « Sujet et objet dans la pensée de Yanagita Kunio »
Si Yanagita est indiscutablement un intellectuel de premier plan qui a marqué l'histoire de la pensée japonaise

moderne au point d'être souvent cité comme une des références de penseurs japonais modernes et contemporains, son œuvre ne relève à l'évidence pas de la philosophie, ni même de tout autre champ réflexif à visée purement théorique. En effet, le folkloriste Yanagita – après avoir été tour à tour poète, agronome, journaliste, représentant à la SDN, etc. – s'est exprimé avant tout en tant que scientifique. Son travail d'ethnologue-folkloriste ayant été principalement consacré à la récolte, la compréhension et la préservation des traditions populaires japonaises, le lecteur se retrouve le plus souvent face à des listes de noms et de faits sociologiques parfois fastidieuses, ordonnées par des théories sur la culture japonaise que Yanagita s'est efforcé, avec plus ou moins de bonheur, de construire au fil de son travail. Rares donc sont les développements théoriques au sein de la trentaine de volumes que constituent ses œuvres complètes.

Cependant, si ces ouvrages ont marqué des générations de chercheurs en ethnologie japonaise, c'est bien autant en raison de la masse phénoménale d'informations qu'elles contiennent, qu’en raison de la façon dont ces informations sont ordonnées. Il faut sur ce plan différencier deux niveaux. Le premier est celui des analyses théoriques yanagitiennes sur la culture japonaise, sujet largement débattu au sein des ethnologues japonais. Le second niveau, qui nous semble encore nécessiter un travail épistémologique, est celui du paradigme scientifique de Yanagita au sens d'une « méthodologie » générale innovante, ou d'une « philosophie » comme certains commentateurs l'ont qualifié (Torigoe Hiroyuki).

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Ce paradigme général a maintes fois été abordé par Yanagita. Il s'agissait pour lui, certes de comprendre et d’extraire le sens des pratiques sociales héritées du passé – travail commun à tous les ethnologues –, mais non pas
pour s’engager ensuite dans une démarche comparatiste comme la plupart des ethnologues de son temps s'y essayaient. Il jugeait en effet cette démarche trop prématurée tant que l’ethnographie des pratiques sociales japonaises restait incomplète. Ce qu’il pensait en revanche pouvoir être entamé dès sa génération était de faire prendre conscience à un maximum de ses contemporains que les pratiques sociales jugées alors « arriérées » et dépréciées pouvaient servir à un développement endogène en adéquation avec la société japonaise, pour peu que le sens de ces pratiques soit suffisamment éclairci et mis en perspective.

On comprend alors pourquoi tant de lecteurs (japonais) ont pu être frappés par – et souvent adhéré à – sa pratique intellectuelle consistant, de façon explicitement théorisée, à privilégier une démarche inductive mettant systématiquement en avant les faits les plus anodins, en opposition à la pratique déductive de ses collègues et adversaires ethnologues contemporains. Ce choix-là relève bien d'une forme de « philosophie » de l’action intellectuelle, tout entière tournée vers la réalisation d’un projet : le développement endogène de toute société qui emprunterait les méthodes des sciences sociales pour réévaluer et faire évoluer en conscience – Yanagita utilise le terme de jiko-shōsatsu – des pratiques sociales s’inscrivant dans des référents culturels propres, au sein d'un contexte global de modernisation à l’« occidentale » irréversible (Tsurumi Kazuko).

Notre parti-pris épistémologique consiste à aborder ces questions en réfléchissant au rapport nouveau qu’établit Yanagita entre « objet » et « sujet ». En effet, la méthode d’objectivation du vécu subjectif qu’il entend faire pratiquer massivement aux Japonais s’appuie certes sur des travaux scientifiques, mais surtout sur une forme de « philosophie » générale résumée plus haut. La tension « objet » / « sujet » au cœur de l’ethnologie yanagitienne allait être féconde mais provoqua des impasses méthodologiques sur lesquelles plusieurs générations de chercheurs japonais ont buté. Nous espérons que notre travail pourra en éclairer les ressorts, et proposer quelques voies possibles d’amélioration méthodologique.