mercredi 11 octobre 2017

Conférences Samedi 28 octobre 2017

 
Jacynthe TREBLAY (Nanzan Institute for Religion and Culture, Nagoya) 

Titre : « Quelques concepts fondamentaux de Nishida à la lumière de la physique moderne ».


Résumé : La prédilection affirmée de Nishida pour les sciences, non seulement de son époque, mais également plus anciennes, se concrétisa dans un important corpus de philosophie des mathématiques et des sciences. Les 13 essais de différentes longueurs qui composent ce corpus totalisent plus de 600 pages. La majorité fut écrite durant les dix dernières années de la vie de l’auteur. Dans tous ces essais, Nishida associe étroitement sa propre pensée aux découvertes scientifiques de son époque. Dans cette présentation, je tenterai de montrer qu’à travers les liens entre la philosophie et les sciences qu’il s’efforça d’établir au fil de ces essais, Nishida en vint à préciser sans cesse davantage ses propres concepts philosophiques.

Dans un premier temps, il sera question des rapports de Nishida à la mécanique quantique à partir de 1934, de même que, plus généralement, de la réception cette discipline au Japon au début du vingtième siècle. En deuxième lieu, je traiterai de l’influence remarquable exercée sur Nishida par les écrits à teneur philosophique du physicien danois Niels Bohr (1885-1962). La mécanique quantique souleva en effet des questions épistémologiques importantes qui eurent des répercussions non seulement sur la formation de plusieurs des concepts de Nishida, mais également sur l’ensemble de la philosophie contemporaine. Troisièmement, je mettrai l’accent sur la reconnaissance du statut de l’« observateur » dans l’expérimentation scientifique, ainsi que sur la manière dont Nishida, à l’instigation de Bohr, intégra ce thème de l’observation au monde élargi des faits historiques. Enfin, je montrerai comment le « principe de complémentarité » de Bohr, développé à partir de 1927 dans le but d’ajouter aux calculs mathématiques une dimension épistémologique, permit à Nishida d’attirer l’attention, comme personne d’autre encore ne l’avait fait avant lui, sur le lien indissociable entre l’esprit humain et le monde de la nature (dont le corps humain). En mai 1937, au moment même où Bohr était en visite au Japon, Nishida relia en effet directement le principe de complémentarité à son concept d’auto-identité contradictoire. Simultanément, il y vit un moyen privilégié pour développer ses concepts d’intuition agissante et de corps historique.


La séance aura lieu : de 14h30 à 17h30 à l’Inalco, 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris, salle 3.03.