mercredi 1 mars 2023

Vidéoconférence Samedi 26 novembre 2022

 9h–10h suivie d'une discussion d’une heure

NAGAI Shin (Université Tôyô, Tôkyô)

« Paradoxe et circularité : l’« image-archétype » et le « Moi théophanique » dans la philosophie orientale de Toshihiko IZUTSU »

11h : la fin de séance

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr à partir du 22 novembre 2022 contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.com, arthur.mitteau@univ-amu.fr, simon.ebersolt@gmail.com, yukiko.kuwayama@inalco.fr

Résumé

À la suite de mon exposé de l'année dernière, dans lequel j’ai présenté un panorama de la « philosophie orientale » de Toshihiko Izutsu, je me focaliserai dans ce qui suit sur un concept précis : « l’image-archétype (元型イマージュ», un concept qu’Izutsu utilise à plusieurs endroits de son œuvre et explique thématiquement dans le chapitre VIII de Conscience et Essence (『意識と本質』, un de ses ouvrages majeurs). En outre, sur la base des résultats de cette analyse, j’essaierai d’approfondir et d’élargir la phénoménologie en un sens métaphysique.

Dans Conscience et Essence, Izutsu s’adonne à des variations sur la corrélation entre la conscience et l’essence au sein des diverses traditions de la philosophie orientale. Il aborde l’« image-archétype » telle une modalité particulière de l’essence, laquelle symbolise la Réalité et possède un caractère spécial de fluidité qui contraste avec une essence par nature fixe.

Il utilise ainsi ce concept, originairement conçu par Carl Gustav Jung comme une structure de la couche profonde de la psyché, en le transformant en un concept ontologique. Mais qui plus est, Izutsu l’utilise également en tant que concept métaphysique, c’est-à-dire en tant que forme de « l’auto-apparition de la Réalité en tant que telle(実在そのものの自己顕現». Dans ce contexte, le terme « archétype » désignerait le statut métaphysique de l’image.

Or, le problème que pose cette image métaphysique comme auto-manifestation de la Réalité en tant que telle est sa structure paradoxale : la Réalité se manifeste certes, mais en cela, elle demeure à la fois elle- même. Ce phénomène paradoxal de la Réalité qui, en tant que telle, auto-apparaît et se dissimule à elle- même en tant qu’apparaissant, devient possible lorsque le Moi (la conscience) qui fait apparaître la Réalité est engagé dans l’immanence de celle-ci et ainsi transformé en un intermédiaire à travers lequel la Réalité auto-apparaît à partir d’elle-même. Dans son ouvrage L’image originale de la philosophie islamique (『イスラーム哲学の原像』), Izutsu analyse cette transformation du Moi (la conscience) en ce qu’il appelle le « Moi théophanique ».

Je retirerai de ces analyses de l’imagination originaire ou de mise en image originaire (Urbildung原像) de la Réalité, que la circularité immanente de la Réalité et du Moi constitue une structure essentielle. J’entends ainsi éclairer par cette structure le paradoxe constituant l’image-archétype, et cela en me référant aux analyses phénoménologiques effectuées entre autres par Michel Henry et Henry Corbin.