9h-11h (16h-18h heure du Japon)
M. Fumihiko SUEKI 末木文美士
(professeur émérite à l’Université de Tôkyô et au Centre international de recherche sur les études japonaises Nichibunken)
« Peut-on rendre compte langagièrement de la vérité ?
Introduction à la philosophie du Zen et de l’ésotérisme du moyen âge »
真理は語り得るか。中世禅密序説
La communication sera en japonais suivie de présentation résumé en français
par M. Frédéric GIRARD (professeur émérite à l’EFEO)
Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr à partir du 22 juin 2022
contact courriel : takako.saito@inalco.fr, akinobukuroda@gmail.com, arthur.mitteau@univ-amu.fr,simon.ebersolt@gmail.com
Résumé
La collection d’ouvrages sur le Zen médiéval, en 12 volumes (y compris une annexe) intitulée « Chûsei zenseki sôkan », a été publiée entre 2013 et 2019, par la maison d’édition Rinsen de Kyōto. Elle recueille des reproductions photographiques ainsi que des réimpressions de manuscrits concernant la littérature médiévale du Zen, dûment présentées et introduites.
Elle rassemble notamment les manuscrits de l’archivium Ôsu de Hôshôin du temple Shinpukuji de l’école de la Vraie Parole (branche Chizan ) de Nagoya ainsi que des manuscrits conservés à l’archivium de la bibliothèque Kanazawa bunko du temple Kintakusan Shômyôji de l’école disciplinaire de la Vraie Parole.
Il est à remarquer que l’on a découvert, dans le temple Shinpukuji, des textes inconnus jusqu’à nos jours de la main de Eisai (1141-1215) et de En.ni (1202-1280). Ils nous ont apporté une nouvelle vision qui met à mal les idées les plus répandues que l’on a sur le Zen médiéval, parce qu’ils sont profondément associés avec l’enseignement de l’école de la Vraie Parole. Les textes de Eisai sont ceux qui ont été consignés avant son deuxième voyage en Chine sous les Song et qui traitent exclusivement de l’enseignement de l’école de la Vraie Parole. Concernant les textes de En.ni (qui fonda le temple Tôfuku) et de son disciple Chikotsu Daie (1229-1312), de l’école Zen Rinzai ésotérisée, la collection comprend de nombreux texte de ce dernier, parce que le bouddhisme ésotérique du courant de Chikotsu Daie fut étudié dans le temple Shinpuku. En outre, des textes jusqu’alors inconnus de En.ni ont été également découverts. Comme ils traitent du Zen dans un contexte ésotérique, il apparaît de façon patente que leur conception du Zen était étroitement liée avec l’ésotérisme.
En présentant ces textes nouvellement découverts, ma communication se propose d’étudier la possibilité ou non d’exprimer verbalement la vérité, ce qui était en question chez eux. Le Zen insiste sur le fait que « l’éveil n’est pas transmissible au moyen du langage (Furyû moji) » en soulignant le fait qu’il est impossible de rendre compte de la vérité ultime de façon notionnelle et que l’on peut seulement la réaliser par le vécu. En revanche, l’ésotérisme insiste sur la prédication de la vérité ultime (qu’est la Loi) grâce au corps de la Loi (Hosshin). Cette question était, par conséquent, fondamentale aux 12e et 13e siècles aussi bien pour le Zen que pour l’ésotérisme et c’est pourquoi elle fut étudiée ardemment.
Nous examinerons les points suivants :
1. Nous examinerons le sens de la « prédication de la Loi par le corps de la Loi (Hosshin seppô)» chez Kûkai (774-835), car ce concept était la base de discussions au 13e siècle.
2. Avant son deuxième voyage en Chine, Eisai affirma, dans le débat qu’il a entretenu avec le moine Songa dans la région du nord de Kyûshû, que seule était valide la « prédication de la Loi en corps de nature propre (Jishôshin seppô)», alors que Songa a mis en avant la seule « prédication de la Loi en corps d’auto-fruition (Jijuyôshin seppô)». Quel sens et quel rapport avec le Zen de Eisai ce débat peut-il avoir ?
3. En.ni pose la question de la possibilité (ou l’impossibilité) d’exprimer à l’aide du langage la vérité ultime dans l’ésotérisme.
4. La position de Dôgen (1200-1253) diffère de ces deux positions. Selon lui, la vérité est dicible (Dôtei/Dôtoku). Comment peut-on comprendre le fait ?
Nous examinerons cette problématique à travers des discussions des 12e et 13e siècles où le Zen et l’ésotérisme n’étaient pas considérés indépendamment l’un de l’autre.
Cf. 末木文美士,「中世禅の形成と知の交錯」(末木文美士監修/榎本渉・亀山隆彦・米田真理子編『中世禅の知』, 臨川書店, 2021),(拙著『禅の中世』、臨川書店、2022予定に改稿収録)